Layon se demandait encore pourquoi il avait accepté un tel contrat. Enfin, oui et non. Certes il était de toute façon obligé de passer par la route, et il ne crachait jamais sur un contrat qui lui permettait de mettre quelques svens de côté, alors autant ne pas perdre son temps. Mais bon dieu, il n’était pas dératiseur !

C'était ça le souci : Mirghaïl l’envoyait de plus en plus au loin. Du coup, il voyait de moins en moins le conseil. Bien sûr il comprenait le principe : plus il l’envoyait loin, plus il était respecté à son retour pour la connaissance du monde extérieur, et plus il nouait des contacts. Mais il n’avait pas vocation à devenir ambassadeur ou quoique ce soit. Et chaque jour loin du village, c’était le risque d’un conseil qui finissait en flots d’injures et dégénérait en bataille rangée. Enfin bref, il avait dû venir livrer les peaux dans une petite bourgade du Centre, chez un obscur partisan de l'Empire qui lui avait remis une lettre pour le chef. Parfait. Il attendrait demain matin pour rentrer. Superbe. Alors autant s’y mettre. Le plus tôt serait le mieux.

En y repensant, Gne se surprit à sourire. Dire que dans le Nord, on affrontait des Lycans ou parfois même des wyvernes (bien qu’on s’y mette à plusieurs) et qu’ici, en ville, on était prêt à payer un type 25 svens pour se débarrasser de fées.  Enfin, une seconde, se morigéna-t-il : peut-être que si on paye autant, c’est qu’elles sont plus embêtante que l’idée qu’on s’en fait. Après tout,  Layon n’avait jamais vu ces petits êtres ailés.

Passant à l’arrière de la plantation, après avoir conclu l’accord avec la propriétaire des lieux, une certaine dame « Paix-Haine-Jih », et fourrant le contrat dans sa veste (il faut toujours un contrat, répétait-il à l’envie ; on est jamais sûr que le commanditaire ne va pas avoir une brusque perte de mémoire), il mit ses mains en porte-voix et annonça au petit groupe de fées qui s’ébattaient gaiement près des tomates :

« Allez les filles ! Je suis désolé, mais il me faut vous demander de partir. Je vous souhaite de trouver un endroit plus adapté et plus paisible, mais malheureusement votre présence est incompatible avec celle de cette pauvre jeune femme dont vous torturez les légumes ! Soyez sympathiques et je suis sûr que nous pourrons tous trouver une solution raisonnable à tout ceci. »

Toujours tenter la voix diplomatique après tout. Ça ne coûtait rien, et ça n'empêchait pas de botter des culs si l'interlocuteur se faisait récalcitrant.

Layon était tout transpirant. Mine de rien, ces bestiasses étaient quand même dangereuses. Mais il avait déjà affronté plus gros, et il s'en sortait même sans bobo. Une chance!

Reprenant son souffle, il prit un peu de temps pour récupérer sa hache. Le cadavre lui tira une larmichette. Ces petites homoncules étaient graciles, et il avait l'impression d'avoir tué un chaton un peu trop joueur. Mais ce chaton là était un nuisible après tout. Il ne fallait pas se laisser attendrir.

Gardant un genou en terre, il entreprit d'enterrer la petite bête. Il fit de même pour toutes, sauf pour deux d'entre elles, moins amochées, dont il prendrait soin plus tard. Les tenant allongées dans ses mains fragiles, il entreprit de se rendre dans la propriété de son employeur et d'y déposer les minuscules corps frêles.

"Elles sont toutes ainsi. Comme le spécifie notre contrat, contrat que vous avez signé, vous me devez maintenant la somme de, je cite la ligne en question: "Butin : 15 Sven (+10 si chasseur de monstre", ce qui est mon cas, d'autant que je me souvienne. N'hésitez pas à parler de nous si vous le voulez (+5 points pour la faveur). Je vous remercie pour ce travail, vous souhaite de ne plus avoir de problèmes, et espère que vous passerez une excellente fin de journée!".

Empoignant un petit sac que la dame lui indiqua être sa récompense, Layon passa la porte et s'en fut retrouver une nouvelle route, emportant les deux homoncules sous prétexte d'aller les enterrer plus loin. Qui sait où le mènerait cette fois son chemin...

En fait, il l'emmena juste à l'arrière du terrain, hors de vue. Là, saisissant l'élixir de vie mineur, il entreprit de poser les deux fées le plus doucement qu'il put, et de leur en verser dans la gorge, en espérant qu'elles se réveilleraient, car il n'en avait qu'un, même si en soi les bestioles étaient plus petites que la moyenne. Alors qu'au moins l'une d'elle voyait une aile se mettre à frémir, Layon se rassura et s'en fut sans demander son reste.

Car après tout, ce qui compte quand on est chasseur de monstres, c'est aussi de s'assurer un travail durable pour les jours suivants... ;)

utilisé: élixir de vie mineur x1

RP TERMINE

Je sais que je gâche mon butin, mais comme la mission est répétable, je me suis dit que c'était sympa pour cette fois de rajouter un élément expliquant pourquoi le bordel revient :D